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Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/123

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— Ah ! messiou, disait le colonel Bramble, avant la guerre on disait chez nous : la frivole France ; on dira maintenant : la sévère et sage France.

— Oui, appuya le docteur, ce peuple de France est dur et sévère pour lui-même. Je commence à comprendre ce Boche qui disait : « L’homme n’aspire pas au bonheur ; l’Anglais seul y aspire. » Il y a chez vos paysans du Nord une volonté d’ascétisme admirable.

— Avez-vous jamais vu chez nous avant la guerre, messiou, dit le Padre, le Français de music-hall, le petit homme à barbiche noire qui gesticule et pérore ?… J’y croyais, messiou, et je n’imaginais guère, je vous assure, ces villageois dévots et laborieux.

— J’aime à les voir le dimanche matin, dit le major, quand sonnent les premiers coups de la messe et qu’ils sortent tous ensemble de leurs maisons, les vieux, les