Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

janvier 1915 et qui m’a été contée par un homme qui n’a jamais menti, dit le major Parker. La maison était silencieuse. Aucun domestique ne parut, mais Frazer, ravi, se vit offrir par l’inconnue elle-même ce que vous, Français, appelez, je crois, bon souper, bon gîte et le reste.

Au petit jour, elle lui mit à nouveau un bandeau sur les yeux. Il dit combien il avait trouvé sa nuit délicieuse et demanda quand il pourrait la revoir. « Jamais, dit-elle, et je considère que j’ai votre parole de gentleman et de soldat de ne pas chercher à me retrouver. Mais dans un an, jour pour jour, retournez à ce même théâtre où nous nous sommes rencontrés, il y aura peut-être une lettre pour vous. »

Puis elle le remit en voiture, en le priant de conserver son bandeau dix minutes : quand il l’enleva, il était à Trafalgar Square.

Frazer fit naturellement des miracles pour