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Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/16

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son premier match, elle battit l’équipe nationale anglaise, le pays fut consterné comme si nous avions perdu cette guerre. Les gens dans la rue, dans les trains, montraient des visages longs. Puis les Zélandais battirent l’Écosse, puis l’Irlande : la fin du monde était arrivée.

Cependant restaient les Gallois. Le jour du match, cent mille personnes étaient réunies sur le terrain. Vous savez que les Gallois sont profondément religieux et que leur chant national, « Pays de nos pères », est en même temps une prière. Quand les deux équipes arrivèrent, toute la foule, hommes et femmes, exaltés et confiants, chantèrent avant la bataille cette hymne au Seigneur, et les Zélandais furent battus. Ah ! nous sommes un grand peuple.

— Mais oui, dit Aurelle, ému ; vous êtes un grand peuple.

Il ajouta après un instant de silence :