Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/17

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— Mais vous aviez raison tout à l’heure aussi : vous êtes un drôle de peuple, par certains côtés, et vos jugements sur les hommes ne laissent pas parfois de nous surprendre « Browne ? dites-vous, on le croirait idiot, mais c’est une erreur : il a joué au cricket pour Essex. » Ou encore : « A Eton, nous l’avions pris pour un imbécile, mais à Oxford, il nous a bien surpris ; figurez-vous qu’il est « + quatre » au golf, et qu’il fait cinquante-trois pieds en plongée ! »

— Eh bien ? dit le colonel.

— Ne croyez-vous pas, sir, que l’intelligence…

— Je hais les gens intelligents… Oh ! je vous demande pardon, messiou.

— Ça, c’est très gentil, sir, dit Aurelle.

— Heureux que vous le preniez ainsi grogna le colonel dans sa moustache.

Il parlait rarement et toujours par phrase brèves, mais Aurelle avait appris à goûter