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Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/236

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Le colonel fronça le sourcil.

— Pendant la guerre sud-africaine, dit-il, après un silence, nous employions pour nos transports un grand nombre de bœufs. Un jour, ces damnés bœufs se mirent à mourir par centaines sans qu’on sût pourquoi. Grand émoi à l’état-major. Un général quelconque trouva naturellement un expert qui, après avoir ennuyé toute l’armée de ses questions, finit par déclarer que les bœufs avaient froid. Il avait observé la même maladie dans le nord de l’Inde ; on en garantissait les bêtes en leur faisant porter un vêtement spécial. Notez qu’un individu normal, doué de sens commun, pouvait voir que les bœufs étaient simplement surmenés. Mais le rapport suit son cours, arrive à l’état-major général, lequel fait télégraphier aux Indes pour commander quelques milliers de manteaux pour vaches.

Jusque-là tout allait bien ; les bœufs mouraient