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LA BLESSURE

tes, qu’il jetait à demi-consumées dans un cendrier ; sa nervosité ne s’apaisait pas.

Le souvenir de sa marraine d’adoption lui revint et il alla se placer devant sa photographie, qu’il avait dans un petit cadre sur son bureau.

— Ah marraine ! lui dit-il tout bas, vous qui m’avez recueilli, instruit, aimé, pourquoi ne m’avez-vous pas donné votre nom que j’aurais été si fier de porter ? Ce nom qui m’aurait permis d’être comme les autres… Ce nom qui aurait aplani tant d’obstacles ! Mais, vous ne saviez pas… je ne sais pas moi-même, quel sang coule dans mes veines !

J’ai peut-être en moi ce que vous craigniez… un atavisme vicieux. Peut-être suis-je le fils d’un escroc, d’un voleur ! Ah malheur ! Ce n’est pas juste !

Il se jeta dans un fauteuil et se prit la tête dans ses deux mains… Sa fierté se révoltait contre cette possibilité. Combien il avait souffert, depuis toujours, lui semblait-il, de cette absence de parents. Il se rappelait, lorsque tout petit, il entendait les autres enfants parler de leur maman, de leur papa, son petit cœur d’orphelin ressentait un serrement de chagrin inconscient. En avait-il eus, lui, un papa, une maman ? Il ne