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une bataille au désert


sâmes l’eau sans trop de peine ; puis nous marchâmes encore environ pendant deux mffles anglais, en allant toujours à l’ouest ; enfin nous atteignîmes le sommet d’une petite montagne qui pouvait nous servir d’observatoire. De là nous ne découvrîmes aucun signe de vie ou d’habitation humaine : mon Anglais paraissait tout à fait désappointé.

« Nous les retrouverons, lui dis-je. Je n’abandonne pas ainsi la partie… Tenez, regardez !

— Ce sont eux, cria Lindsay en gambadant de joie. Ils viennent vers nous. Je les tue tous !

— Ce sont des hommes, sir.

— Des voleurs ! point de merci !

— Alors, sir, je ne vous accompagne pas davantage ; je défends ma peau quand on l’attaque, mais je ne tue personne de gaieté de cœur, même pour punir un vol.

— Eh bien ! reprenons-leur seulement les chevaux.

— Oui, ce sont eux, sans le moindre doute ; voici dix montures et six cavaliers. Il faut nous dissimuler, afin qu’ils ne nous aperçoivent pas tout de suite. Notre champ d’opération doit être entre la montagne et le fleuve ; marchons encore cinq minutes, et nous rencontrerons un passage si resserré, qu’il ne sera guère possible à nos voleurs de nous éviter. »

Nous redescendîmes en courant près de la rive ; nous eûmes de quoi nous cacher dans les bambous. Notre attente ne dura guère : la petite troupe passa près de nous. L’Anglais était trop bien caché pour que ces hommes pussent l’apercevoir ; quant à moi, je sortis tout à coup du milieu des herbes et des roseaux, me plaçai vis-à-vis d’eux ; puis, sans quitter la gâchette de mon fusil, je les saluai à la manière arabe :

« Salam aléïkoum ! »

La bande de pillards s’arrêta tout étonnée.

« Aléïkoum ! répondit l’un d’eux. Que fais-tu ici ?

— J’attends mon frère, qui doit venir m’aider.

— Pourquoi as-tu besoin d’aide ?

— Tu le vois, je suis sans monture ; comment pourrais-je parcourir le désert ? Tu as quatre chevaux de trop ; vends m’en un.

— Nous ne vendons point ces chevaux.

— Ah ! je comprends, tu es un favori d’Allah ! Tu ne vends