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une bataille au désert

— Croirais-tu, reprit le chef, qu’avec cette jument j’aie chassé l’âne sauvage au point de le fatiguer et de le forcer ?

— Est-il possible ?

— Par Allah, je dis la vérité. Ceux-ci peuvent l’attester.

— Nous l’attestons ! crièrent gravement tous les Arabes.

— Cette jument ne me quittera qu’avec la vie ! affirma le vieux cheikh ; quel autre cheval te plaît le mieux après celui-ci ?

— Ce bel étalon ; Regarde quelles formes superbes, quelle symétrie dans tous ses membres, quelle noble tête ! Et cette couleur admirable, bleue tant elle est noire !

— Tu n’as pas tout dit : il a trois qualités essentielles pour un cheval ; il les possède au plus haut degré.

— Lesquelles ?

— La rapidité, le courage et une haleine inépuisable.

— A quels signes reconnais-tu cela ?

— Les poils tournent sur la croupe, signe de sa vitesse ; ils sont tournés aussi à la naissance de la crinière, signe de la longue haleine ; puis regarde comme ils sont tournés et tordus au milieu du front, signe d’un courage et d’un feu que la noble bête ne démentira pas.

— C’est un bon cheval, il ne laissera jamais son cavalier dans la bataille ; il l’emporterait à travers mille ennemis ! T’es-tu jamais assis sur un tel cheval ?

— Oui.

— Ah ! En ce cas tu es un homme bien riche !

— Il ne me coûtait rien ; c’était un mustang.

— Qu’est-ce qu’un mustang ?

— Un cheval sauvage dont on s’empare pour le dresser.

— Voudrais-tu acheter mon bel étalon noir, si j’y consentais et que tu le pusses ?

— Oui certes ; si je le pouvais, je l’achèterais à l’instant et sans marchander.

— Eh bien ! tu peux, si tu veux, l’obtenir.

— Comment cela ?

— Oui, le recevoir en cadeau.

— À quelle condition ?

— Si tu nous dis en quel lieu les Obeïd, les Abou Hamed et les Djouari se réunissent, le cheval est à toi ! »

Je laissai presque échapper un cri de joie. Certes, ce qu’on me