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une bataille au désert

— Au gouverneur de Bagdad ? mais ne relevez-vous pas de Mossoul ?

— Émir, le gouverneur de Mossoul est un méchant homme, qui nous pressure tant qu’il peut ; celui de Bagdad est le favori du Grand Seigneur ; nous allions lui demander de s’intéresser à nous.

— Comment voyagiez-vous ? Vous descendiez le fleuve ?

— Non ; nous étions allés près du courant de Ghazir ; nous y avions construit un canot qui nous conduisait jusque dans le Zab, et de là sur le Tigre, où nous devions prendre un bateau, quand nous avons été surpris par le cheikh des Àbou Ramed.

— Il vous a dépouillés ?

— Oui ; il nous a enlevé le présent que nous portions au gouverneur, puis il voulait nous contraindre à écrire aux nôtres pour en tirer une rançon ; mais nous ne pouvions le faire, notre tribu est trop pauvre ; d’ailleurs, nous savions qu’une fois payée, la rançon ne servirait à rien. Zédar ben Houli nous eût mis à mort d’une façon comme de l’autre.

« Ce fut alors que commença notre supplice ; on nous battit cruellement, on nous suspendit par les poignets, et, comme nous refusions toujours d’écrire, on nous enfouit dans la terre.

« Savez-vous que votre bourreau est entre nos mains ?

— Hadji Halef Omar nous l’a dit.

— Il sera puni comme il le mérite.

— Émir, pardonne-lui !

— Comment ?

— Émir, tu es musulman ; mais nous suivons une autre religion, et, puisque nous voilà délivrés, nous devons pardonner.

— Vous vous trompez ; je ne suis point musulman, je suis chrétien.

— Chrétien ! tu portes les habits des musulmans, mais tu as le signe du pèlerinage.

— Ne peut-on être chrétien et avoir été à la Mecque ?

— Non ; aucun chrétien ne saurait entrer dans cette ville.

— J’y suis entré cependant ; demande à cet homme.

— Oui, oui, interrompit Halef, hadji Kara ben Nemsi a vu la Mecque !

— A quelle branche appartiens-tu, Émir ? Es-tu chrétien de Chaldée ?