« Tu prétends tirer sur moi ! s’écria Abrahim toujours furieux ; en désignant mon revolver. Ici, dans ma maison, sur mon divan !
— Certainement, si tu me contrains à me défendre.
— Chien ! c’était donc vrai ce que j’ai pensé dès que tu es entré ?
— Que pensais-tu, Abrahim Mamour ?
— Que je t’avais déjà rencontré quelque part ; où ? quand ? je n’en sais rien, mais…
— Ni moi non plus, je n’en sais rien, mais la rencontre n’a pas été bonne, Et aujourd’hui comment allons-nous nous quitter, Abrabim ? Tu m’as appelé chien ; ne répète pas cette insulte, car ma balle est prompte.
— Je vais appeler mes gens.
— Appelles-les si tu veux ; qu’ils viennent relever un cadavre et tomber à leur tour !
— Oh ! oh ! pour qui te prends-tu ?
— Pour un Nemsi ; as-tu jamais senti la main d’un Nemsi ? »
Il haussa les épaules avec mépris.
« Eh bien ! poursuivis-je, prends garde de la sentir ; elle n’est pas lavée dans l’essence de roses, comme la tienne, elle n’en est que plus vigoureuse. Adieu ! je ne troublerai pas la paix de ta maison, seulement ne me fais pas revenir en arrière. Que Dieu te conserve !
— Reste ! » cria le mahométan.
Il essaya de se jeter de nouveau sur moi ; je me retournai, et, le serrant à la gorge, je l’acculai contre la muraille ; les yeux lui sortaient de la tête, ses veines se gonflaient, son poignard lui avait échappé.
ce Maintenant tu as senti la main d’un Nemsi, lui dis-je, lâche que tu es ! Comment appelles-tu la conduite d’un homme qui fait venir le médecin, puis l’outrage et le menace ?
— Enchanteur !… murmura Abrahim.
— Encore une injure !
— Si tu n’étais pas enchanteur, mon poignard ne me serait pas tombé des mains ; tu ne m’aurais pas ainsi violenté.
— Eh bien, soit ! je suis un enchanteur ; alors pourquoi ne pas essayer de mon pouvoir sur la malade, sur Guzela, ta femme ?
— Comment sais-tu son nom ?