Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/31

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une matinée d’enfants chez Mme de Z…, qui recevait à ce moment les hommages de M. de Maupassant. Hervé, malade, ne pouvait y aller ; sa mère restait auprès de lui. M. de Maupassant s’offrit avec empressement pour y conduire Guy. Mais, l’enfant, au moment de partir, comme s’il comprenait l’impatience de son père, s’amusait à lambiner en s’habillant, si bien que son père, exaspéré, le menaça de ne pas le conduire à cette fête. — « Ah ! — répondit Guy, — je suis bien tranquille, tu as encore plus envie que moi d’y aller, — Voyons ; noue les cordons de tes souliers, — dit le père. — Non, — répond Guy, — viens me les nouer. » Stupéfaction du père. — « Allons, — ajoute le gamin, — tu vas venir les nouer ; autant vaut te décider tout de suite. » — Et le père noua les cordons[1].

Mme de Maupassant se décida à ne pas prolonger plus longtemps une situation douloureuse pour elle-même, funeste pour l’éducation de ses fils. Une séparation à l’amiable, par acte simple du juge de paix, eut lieu entre les deux époux. Mme de Maupassant reprenait sa fortune, gardait ses enfants et recevait pour eux de son mari une pension annuelle de seize cents francs[2]. Elle se retira dans sa

  1. A. Lumbroso, pp. 301, 302.
  2. D’après une lettre de M. Gustave de Maupassant, publiée par A. Lumbroso, p. 476.