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chèvrefeuille, les vastes pièces ornées de vieux meubles de famille, les crédences et les bahuts découverts dans l’abbaye de Fécamp et chargés de merveilleuses faïences rouennaises[1].

Guy de Maupassant passa son enfance, jusqu’à treize ans, dans cette maison. Il n’y eut pas d’autre éducatrice ni de meilleure compagne que sa mère. Entre la mère et le fils, durant toute leur vie, l’affection fut profonde et l’entente absolue. Aussi, pendant ses dernières années, Mme de Maupassant vécut uniquement du souvenir de son fils, revendiquant avec orgueil la part très large qu’elle avait prise dans la formation de ses goûts et la culture de son esprit.

Elle poussait si loin le culte du cher disparu qu’elle protesta publiquement lorsque, en 1 901, un gardien du square Solférino, à Rouen, se prétendit frère de lait de Maupassant. Par une coïncidence singulière, c’est précisément dans le square Solférino que se trouve le buste du grand écrivain ; un journaliste et plusieurs badauds avaient même constaté la ressemblance frappante du gardien avec l’effigie en bronze. Mme de Maupassant tint à honneur de dissiper cette légende et de déclarer qu’elle seule avait été la nourrice de son fils. Elle écrivit une lettre indignée au Journal :

  1. Souvenirs de Mme de Maupassant. A. Lumbroso, p. 297.