Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une unité politique basée sur des considérations prétendues scientifiques, n’en présentent pas moins un groupe anthropologique des plus hétérogènes et composé des éléments les plus divers, depuis les dolichocéphales et les brachycéphales blonds des provinces septentrionales, jusqu’aux brachycéphales bruns des royaumes du Sud. On peut en dire presque autant de l’Italie. Par contre, la Suisse, qu’on voit si souvent figurer dans les livres comme spécimen d’une agglomération factice et fortuite de races différentes, possède une unité anthropologique beaucoup moins contestable, et caractérisée par la brachycéphalie.

Puisque, dans l’histoire des civilisations, nous n’avons jamais affaire « à quelque peuplade bien isolée par des circonstances exceptionnelles, comme les Esquimaus du Groenland ou les Tasmaniens de l’île Van-Diemen », il devrait s’en suivre, de l’aveu de M. Topinard lui-même, que toutes les classifications anthropologiques du genre humain sont nulles et non avenues, du moins en matière sociologique et historique. Restent les classifications linguistiques, comme celle de M. Fred. Müller de Vienne : elles présentent en effet beaucoup plus d’unité logique et de précision que les essais de division basés sur la nuance de la peau, la nature des cheveux ou les indices anthropométriques ; mais on ne saurait leur accorder qu’une valeur tout à fait relative. Très utiles tant qu’il s’agit de systématiser nos études des idiomes et de l’ethnographie descriptive,