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du Dr Maudsley en Angleterre[1] sont antérieurs à l’ouvrage de Lombroso, dévoilent la présence de l’ « homme criminel » dans toutes les capitales du monde civilisé[2]. Nous regrettons que les savants auteurs de cette découverte importante, exclusivement absorbés par leurs préoccupations, psychiatriques chez Maudsley, criminologiques chez Lombroso et ses collaborateurs, n’en profitent guère pour étudier sur le vif la création d’une variété anthropologique par un milieu très caractérisé. Quelques-uns d’entre eux, il est vrai, ont à l’occasion montré la part qui, dans cette dégénérescence du type normal, revient à quelques agents spécifiques, tels que, par exemple, l’air vicié des habitations, la nourriture insuffisante et malsaine[3]. Mais, en renchérissant outre mesure sur ce fait que le crime, la perversion du sens moral, la dégradation générale du type constituant un triste legs qui, dans certaines familles, se transmet de génération en génération, ces savants semblent rapporter la cause déterminante de cette dégénérescence, non point aux conditions défavorables du milieu, mais à la seule hérédité. Pour nous,

  1. Le Crime et la Folie ; Pathologie de l’Esprit, tous deux traduits en français.
  2. Déjà à New-York, en 1872, des études analogues sur les Jukes, criminels de profession, ont été publiées par des agents du Comité de surveillance des prisons. – Cf. The nether side of New-York, Edw. Crapscy, 1872 ; The Jukes, a study in crime, pauperism, disease and heredity, R. L. Dugdale.
  3. Cf. les intéressants travaux du Dr Lombroso lui-même sur la pellagre, en rapport avec l’usage de la farine de maïs avariée.