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le bilan exact de l’hérédité et de l’adaptation, de la race et du milieu.

Comme nouvel exemple de la création d’une race, c’est-à-dire d’un type anthropologique formé par le milieu et perpétue par l’hérédité, nous citerons le crétinisme, endémique, on le sait, dans certaines vallées de montagnes, en Savoie et en Suisse aussi bien qu’au Caucase, dans les Andes colombiennes et les Alpes du Sze-tchouen. Ici, nous sommes en présence d’un de ces cas extrêmes où l’action anthropoplastique du milieu devient, pour ainsi dire, appréciable à l’œil nu : l’exception est toujours plus facile à saisir que la règle ; en raison même de sa permanence et de sa monotonie, le fait normal échappe souvent à notre attention. On peut citer aussi les types professionnels, c’est-à-dire les empreintes caractéristiques et indélébiles que laisse sur l’homme l’exercice prolongé de certains métiers. Tandis que, de l’avis des savants les plus compétents, les signes auxquels un anthropologiste reconnaît les diverses races sont indécis et confus, un observateur attentif parvient, en tous pays et dans les conditions géographiques les plus diverses, à discerner les habitués de certaines professions, forgerons, agriculteurs, pêcheurs et mariniers, soldats, prêtres, hommes de loi, savants. Or, puisque l’exercice continu d’occupations déterminées marque des individus de provenance absolument hétérogène d’un cachet uniforme, plus apparent que les caractères essentiels de race, à plus