Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/14

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lobes de son cerveau, sur le But de l’Existence. Il sentait la mort l’envahir et cependant sa pensée embrassait toujours le grand problème de la vie.

« Que faire, disait-il, pour triompher de tous les éléments hostiles qui nous entourent et pour voir couler nos jours en toute sérénité ? La foi enfantine en une providence tutélaire étant écartée, la croyance naïve en une nature clémente qui nous caresse ayant disparu, comment arriverons-nous à fonder une vraie morale scientifique, dont l’accomplissement nous donne toutes les joies compatibles avec notre nature ? La seule voie qui nous soit ouverte est de nous associer pour discipliner toutes les forces sauvages, cruelles, contradictoires de la nature brute, et les mettre au service d’un monde nouveau d’utilité commune, d’équité et de bonté mutuelle. » En attendant ce livre, qui répondrait à tant d’interrogations anxieuses sur le sens de la destinée humaine, c’est déjà beaucoup que des écrivains cherchent à mettre leurs œuvres d’accord avec cet idéal grandiose d’une morale de solidarité.

L’ouvrage de Metchnikoff est un de ceux qu’inspirait cette préoccupation d’un avenir de justice ; mais il discute en outre des questions scientifiques d’une portée considérable. La partie du livre qui me paraît avoir le plus d’importance dans l’histoire de la pensée humaine, est le chapitre relatif à l’influence des milieux sur les races, et je ne doute