Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/152

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dessus de minutieuses études. La question n’est pas résolue sans appel et, s’il paraît démontré que de réelles variations climatiques ont eu lieu pendant le cours de l’histoire, elles ont été renfermées entre des limites assez étroites : rien ne nous autorise à admettre une disproportion si considérable entre cette cause physique et l’effet sociologique et historique qu’on veut bien lui attribuer.

Certes, en regard des rapides péripéties de l’histoire, les modifications du sol et de la climature s’accomplissent avec une imperturbable lenteur : « Aujourd’hui, comme aux temps de Pline et de Columelle, la jacinthe se plaît dans les Gaules, la pervenche en Illyrie, la marguerite sur les ruines de Numance ; et, pendant qu’autour d’elles les villes ont changé de maîtres et de nom, que plusieurs sont entrées dans le néant, que les civilisations se sont choquées et brisées, leurs paisibles générations ont traversé les âges et se sont succédé jusqu’à nous, fraîches et riantes comme au jour des batailles[1]. » Assez rares, à mon avis, sont les exemples de décadence historique qui puissent, sans parti pris, être attribués à une cause géologique évidente, incontestée, comme celle de Milet par suite du dessèchement du golfe Latmique, et, dans des temps plus modernes, celle de Pise, dont le port, comblé d’alluvions, ne pouvait plus lutter avec Venise et Gênes, ses puissantes rivales.

  1. Edgar Quinet, Introduction à la Philosophie de l’Histoire de l’Humanité.