Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/164

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moins apparent ; on peut, à vrai dire, regarder le Nil comme composé de deux branches maîtresses, le Bahr-el-Abiad ou fleuve Blanc, et le Bahr-el-Azrek ou fleuve Bleu, mais elles se réunissent à la « Trompe de l’Éléphant » près de Khartoum, et la vallée historique du Nil s’arrêtait bien au nord de cette limite. Quand, sur la foi des historiens classiques, on croyait la civilisation égyptienne originaire de l’Éthiopie, et le premier fondateur de l’empire des pharaons un homme de la contrée de Méroé, on pouvait encore reconstituer ce dualisme des fleuves historiques sur le territoire africain, en associant au grand Nil, non pas le Nil Bleu, mais l’Atbara, qui se mêle au fleuve principal entre la cinquième et la sixième cataractes, à 18° environ de latitude boréale et à 35’ en aval de Meroé. Brugsch-bey et G. Maspero balayent toutes ces légendes ; pour eux la civilisation, au lieu de suivre le courant du fleuve, l’a toujours remonté[1], et, dans sa marche

  1. Telle est d’ailleurs l’opinion la plus accréditée et qui semblerait appuyer l’hypothèse d’après laquelle les civilisateurs de la vallée du Nil ne seraient pas des Éthiopiens, « les plus vertueux des hommes » (Hérodote), mais des immigrés de l’Asie voisine, venant se greffer sur une souche d’indigènes, Libyens, nègres et negroïdes. Cependant l’ancienne Égypte est restée longtemps sans connaître les animaux domestiques de l’Asie, — cheval, brebis, chameau, — tandis que le bœuf et le chien, originaires de l’Afrique, figurent sur les plus anciens monuments des dynasties memphites et jouent un rôle considérable dans les plus anciennes mythologies égyptiennes. (Cf. Piétremont, les Chevaux dans les temps historiques, etc.) — D’après J. Lippert, les Égyptiens auraient été proches parents des Phéniciens, des Pouns ou Rouges, originairement établis dans le pays des