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xxie dynastie — a certainement accéléré le travail de décomposition. D’ailleurs, bien avant le début de l’époque saïte, le temps était passé de ce qu’on pourrait nommer les premières sédimentations historiques. Pour le savant auteur que nous venons de citer, le contre-coup de l’invasion des pasteurs nomades Hycsos ou Hiq-chous[1], qui jeta les Égyptiens sur l’Asie antérieure, fut l’inauguration de l’histoire universelle, et la clôture de la période des civilisations isolées[2], période que nous appelons celle des formations primaires dans un milieu fluvial.

  1. Hik signifie « chef ou roi », en ancien égyptien ; chous « pillard ou brigand ». De cette appellation, dont la valeur ethnologique n’est nullement déterminée, les auteurs classiques ont fait Hycsos. Les Hébreux de Joseph étaient au nombre de ces nomades dont les migrations durèrent plusieurs siècles. Tous les savants modernes ne considèrent pas ces envahisseurs de l’Égypte comme de purs Sémites ; on suppose que ces bandes étaient fortement mélangées d’éléments touraniens.
  2. Il ne faudrait pourtant pas s’exagérer ce caractère de la civilisation nilotique. Si, d’un côté, M. Ch. Lenormant soutient catégoriquement « l’Égypte memphite, avec son développement précoce de civilisation matérielle, a été un phénomène isolé, vivant exclusivement sur lui-même, sans expansion antérieure… », d’un autre, M. J. Dümichen (Welt-Geschichte in Einzel-Darstellungen, de W. Oncken) est moins affirmatif : « À aucune époque, les anciens Égyptiens ne se sont isolés de l’étranger comme on l’a souvent prétendu. Déjà, sous l’ancien empire, avant la xviiie dynastie, et même sous Toutmosis et les Ramsides, de 100 à 17000 av. J.-C., il y eut un commerce actif, par terre et par mer, des habitants de la vallée du Nil avec les peuples policés de l’étranger… Je ne saurais admettre non plus, d’une manière aussi absolue, que l’Égypte ancienne soit restée, pendant des milliers d’années, vierge de toute influence étrangère sous le rapport des sciences et des arts. »