Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/174

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monde assyro-babylonien avait déjà, par le Tigre et l’Euphrate, joué un rôle glorieux pendant l’époque primaire des civilisations fluviales : le voici maintetenant qui entre en rapport avec une méditerranée réduite, avec le golfe Persique. Les anciennes capitales de la Chaldée, Our, Ouroukh, Babylone, Sippara, s’étaient trouvées, à l’égard de cette profonde échancrure de l’océan Indien, dans une situation semblable à celle de Memphis et de Thèbes, si peu éloignées de la grande mer. Le Chat-el-Arab, le courant unique par lequel le Tigre et l’Euphrate déversent aujourd’hui leurs eaux dans le golfe, n’existait point dans l’antiquité reculée[1]. Comme le Delta du Nil, il est le produit du travail accumulé des siècles. Anciennement, les deux grands fleuves de la Mésopotamie avaient des embouchures distinctes, mais reliées l’une à l’autre par un enchevêtrement confus de bras, de coulées et de marigots au parcours capricieux, variant au hasard des saisons et des pluies, un marécage inhabitable et pestilentiel. Aussi l’histoire, au lieu de se diriger vers la mer en descendant le courant des fleuves, le remonte au contraire jusqu’à El-Assour et Ninive par le Tigre, et, par l’Euphrate, jusqu’au Karkhémich des Hittites (Hetta) qui les met en contact avec la petite civilisation locale de la Palestine, et, par la Syrie et l’Asie Mineure, la rapproche de la Méditerranée.

La situation changea quand le cours des deux

  1. G. Maspero, Fr. Lenormant, ouv. cités.