Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/176

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maintenant, par le port de Térédon, un débouché sur une mer intérieure, sur le golfe Persique. Aussi, l’un des premiers soins du grand régénérateur de la basse Chaldée fut-il le creusement du « canal royal » de Pallacopas : cette puissante artère faisait de l’Euphrate la principale voie commerciale du monde et permettait à Babylone de devenir l’entrepôt des richesses de l’Inde, que les derniers souverains ninivites avaient annexée au domaine historique du monde occidental. La conquête persane vint bientôt mettre fin à l’œuvre grandiose de Nabuchodonosor et de ses successeurs. Mais Darius Hystaspes eut beau démanteler les fortifications de la cité rebelle, Xerxès eut beau ruiner ses temples, Babylone, au temps d’Hérodote, ne semblait avoir rien perdu de sa splendeur[1]. Ce n’était point le courroux, c’était plutôt le manque d’intelligence des vainqueurs qu’elle avait à redouter, car les rois de Perse, « habitués aux routes des plateaux, et sans expérience des choses de la mer, arrêtèrent le mouvement des échanges entre l’Inde et la Mésopotamie. Voyant dans les fleuves des lignes de défense et non des routes, ils en coupèrent le cours par des barrages afin d’empêcher la navigation et de se garantir contre les tentatives d’attaque[2]. » Heureusement, la conquête macédonienne vint entraver, avant qu’il fût trop tard, ces œuvres de réaction. Alexandre ne se contenta pas de restaurer la voie ouverte par Nabu-

  1. Perrot et Chipiez, ouv. cité, t. II.
  2. Élisée Reclus, Nouvelle Géographie universelle, t. IX.