Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/183

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noise et l’extension des Russes jusque dans la Mandchourie, aux portes de la Corée, ont définitivement annexé le Pacifique au domaine du monde civilisé.

Pourtant, nous ne proposerions point pour cette seconde division de l’histoire moderne le nom de période du Pacifique ; il exprimerait mal l’important mouvement qui s’accentue sous nos yeux : la conquête du Grand Océan à la civilisation n’a point détrôné l’Atlantique, comme celui-ci l’avait fait de la Méditerranée sa rivale, par le coup mortel que la découverte de l’Amérique porta aux navires de l’oligarchie italienne. Au contraire, par l’isthme de Suez, cette annexion du Pacifique au domaine de l’histoire universelle a fait renaître le commerce dans la grande mer intérieure. L’océan Indien, à son tour, acquiert une importance croissante, et les récents voyages de Nordenskiöld au nord de la Sibérie montrent que l’océan Boréal, n’est pas, au point de vue de la civilisation, une non-valeur aussi absolue qu’on le supposait. Et qui peut dire ce que l’avenir réserve à l’océan Antarctique, seul resté en dehors du mouvement général ?

Ainsi, cette migration si capricieuse en apparence de la civilisation d’un pays vers un autre à des époques différentes, cette valeur historique des divers milieux géographiques, si variable dans le cours des siècles, présente en réalité un ordre partait, une régularité remarquable. Le milieu géographique de la civilisation évolue avec le temps : limité d’abord