Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/192

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se le rappelle, un des plus « isolants » entre tous ceux qui existent à la surface du globe : « Ses diverses chaînes, grès ou calcaires, sont presque uniformément parallèles : alignées du nord au sud, ou du nord-est au sud-ouest, elles ont toutes leur longue pente regardant vers le plateau (de l’Iran), tandis que du côté de l’Inde, les escarpements sont abrupts. En maints endroits, il est impossible d’en tenter l’escalade… »[1]

Cette disposition particulière des montagnes entre l’Hindoustan et l’Iran ne sépare pas seulement la zone des civilisations fluviales en deux moitiés bien distinctes, mais elle sépare aussi l’Occident et l’Orient. « Le groupe le plus fameux, continue l’auteur de la Nouvelle Géographie Universelle, est celui auquel on donne spécialement le nom de Trône de Salomon, Takht-i-Soulaïman… Le sommet du nord, qui est aussi le plus haut (3444 mètres), est une de ces nombreuses cimes sur lesquelles se serait arrêtée l’arche de Noé ; une niche pratiquée dans le rocher, près d’un groupe de pierres considéré comme un temple, est le trône ou s’asseyait Salomon pour contempler l’immense abîme du monde. En effet, de là haut, un Titan au regard d’aigle verrait à sa droite et à sa gauche deux mondes historiques, si différents par la forme, l’Orient et l’Occident. »

Mais, tout en condamnant la presqu’île Gangétique à la réclusion, la chaîne des monts occiden-

  1. Élisée Reclus, ouv. cité, t. IX.