Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/197

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car elle a emprunté à l’Inde aryenne sa religion et la majeure partie de son art, et aux Fils de Han ses institutions politiques et son développement littéraire.

Un seul fait suffira pour montrer la puissance de cette barrière plantée par la nature entre le bassin du Gange et celui des grands fleuves historiques du Céleste Empire. Dans ce massif énorme, l’un des moins explorés du monde, on trouve encore, à quelques pas de civilisations plusieurs fois millénaires, les peuplades les plus rebelles à toute culture : Laotiens et Michmi, Mantzé, Moï, Payu[1] et tant d’autres encore, d’origine et de nature très hétérogènes, mais que les Chinois confondent sous l’épithète méprisante de Si-fan, « Barbares occidentaux ».

Les eaux qui baignent la presqu’île de l’Hindoustan accentuent encore plus son isolement naturel. Le golfe de Bengale est une des mers les moins hospitalières du globe, par suite de ses cyclones, des bas-fonds très nombreux dans sa partie septentrionale, de la violence et de la variabilité de ses courants. Sur la côte de Malabar, ceux-ci sont moins dangereux ; toutefois, les vents contraires y font tournoyer les flots en redoutables remous. La mer d’Oman est si peu maniable que les pêcheurs du littoral se servent d’embarcations munies d’un contrepoids flottant, par conséquent insubmersibles, mais aussi absolument impropres aux voyages de long cours.

  1. Ces noms, pour la plupart, ne sont que des sobriquets injurieux d’invention chinoise et sans valeur ethnographique.