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Chine et la Bactriane : pourtant notre brillante culture européenne n’est pas le produit spontané du milieu, mais celui d’influences assyro-égyptiennes.

Th. Buckle a cru expliquer la différence entre nos civilisations actuelles et les grandes despoties anciennes de l’Orient, par la raison un peu spécieuse que l’Europe doit son rôle historique à son climat, l’Afrique et l’Asie à leur sol. Pour nous, la différence se réduit simplement à ceci : les civilisations européennes appartiennent à la phase secondaire ou méditerranéenne de l’histoire, dont la phase primaire se résume dans les grandes despoties fluviales. Sans doute, le territoire de ces despotes était d’une extrême fertilité, condition sine qua non qui a bien son importance au point de vue des origines de l’histoire, mais la richesse exubérante du sol ne justifie pas seule l’évidente prédilection de l’histoire universelle à ses débuts pour les rives des grands fleuves ou des couples de fleuves déjà si souvent nommés. Si la Maurétanie ne compte point au nombre des foyers primaires de la civilisation, ce n’est certainement pas que le terrain y fût aride, puisque ses inépuisables ressources et les privilèges de sa situation se montrent avec tant d’éclat sous les Carthaginois, puis sous les Romains, dès qu’une impulsion du dehors a fait participer cette contrée au mouvement du monde. En certaines parties du bassin du Congo, fleuve classique de la barbarie, la plantureuse fertilité du sol a entassé, ici, là, des agglomérations humaines aussi denses que celles