Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/231

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en beaucoup d’endroits, les restes d’anciens courants, « fausses rivières » qui furent autrefois le Nil…

« Le flot des eaux pluviales, uni en un seul courant à Gondokoro et à Lado, présente un aspect imposant : mais, coulant dans une plaine à très faible pente, il se ramifie en de nombreuses rivières latérales. Le cours principal finit même par se bifurquer complètement ; tandis que le Nil proprement dit maintient d’abord sa direction vers le nord ouest, le Bahr-ez-Zarâf, ou « fleuve des Girafes », coule au nord, pour aller rejoindre le fleuve majeur après un cours errant d’environ 300 kilomètres à travers les savanes et les marécages : ce n’est pas une rivière, dit Marno, mais seulement un khor, une « coulée » qui d’ailleurs devient d’année en année plus difficile à visiter… Évidemment toute la région basse dans laquelle serpentent le Bahr-el-Djebel, le Bahr-ez-Zarâf, leurs innombrables affluents et les rivières qui viennent les rejoindre, fut jadis un vaste lac que les alluvions ont graduellement comblé. L’endroit où commence la berge septentrionale de cette ancienne mer intérieure, est indiqué par le brusque changement du cours du Nil au confluent du Bahr-el-Ghazâl ou « fleuve des Gazelles », qu’on nomme dans sa partie supérieure, Bahr-el-Arab, ou « fleuve des Arabes ». À ce tournant, appelé le « Joug des Rivières », tout le système des eaux, fleuve principal et coulées, doit se recourber vers l’est pour longer les hautes plaines du Kordofan.