Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/24

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ne traverse guère dans tout son parcours que des régions inhabitées ; enfin, l’un des grands cours d’eau de la zone tempérée, le Mississipi, qui a pris une si grande importance économique dans l’existence des États-Unis, n’a pu être utilisé comme artère vitale tant que l’agriculture n’existait encore qu’en de rares clairières et que, dans l’ensemble du milieu, l’action prépondérante était celle de la forêt. Les Peaux Rouges vivant exclusivement de chasse, n’avaient point à résoudre le problème, capital ailleurs, de s’associer pour régler le débit du fleuve et des canaux d’irrigation dans les champs riverains.

Mais, sans attribuer aux fleuves une action mystérieuse, inéluctable, sur les populations de leurs bords, il n’en faut pas moins reconnaître ce fait capital que, depuis les commencements de l’histoire traditionnelle et transmise par les hiéroglyphes ou les écrits, la civilisation de l’Ancien Monde s’est préparée sur les bords des fleuves qui coulent entre le 20° et le 40° degré de latitude. Le Nil, dans son cours inférieur, le Tigre et l’Euphrate, l’Indus et le Gange, le Hoang-ho et, dans une moindre mesure, le Yangtse-kiang, ont été, par leurs oscillations annuelles et leurs alluvions, les éducateurs de leurs riverains. C’est dans leurs plaines d’inondation que se sont formées les premières grandes civilisations nationales. Leon Metchnikoff a parfaitement décrit dans son ouvrage ces périodes historiques distinctes