Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/240

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Pour ce qui est des inondations mêmes, les choses sont bien telles que Winwood Reade les a indiquées : le fleuve Blanc apporte la masse et, à cette masse, le fleuve Bleu et l’Atbara communiquent le don merveilleux de se répandre dans les campagnes favorables à l’heure propice pour l’agriculture… Mais en ce qui regarde la qualité, la propriété fertilisante des dépôts nilotiques, les rapports ne seraient-ils pas plutôt diamétralement opposés ? La boue noire qui forme la masse se compose, il est vrai, des détritus de toute nature arrachés par l’impétuosité des torrents aux flancs schisteux du massif abyssinien, mais l’essence fécondante de ce limon n’est-elle pas due principalement aux particules en décomposition des sedd, des « embarras » du Nil, poussées dans le grand courant par la puissante impulsion du Bahr-el-Ghazal, qui balaye les marais fétides du lac No ? Seuls, ces débris de nature essentiellement organique ne suffiraient pas, sans doute, pour recouvrir d’une couche d’humus fertilisé le sol aride de la vallée égyptienne ; mais, avant d’arriver au gouffre imaginaire de Krophi et de Mophi, ils ont été largement brassés avec les sédiments blanchâtres du Sobat et les dépôts noirâtres du Bahr-el-Azrek et de l’Atbara. Peut-être est-ce à quelque réaction chimique s’effectuant sur le mélange même de ces détritus, si différents par leur provenance et leur coloration respectives, que le limon nilotique doit ses remarquables vertus, mais ni la Neit divine du temple de Sais, ni les derniers