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des pays chauds ; les vignobles d’Erivan, dans l’Arménie russe, produisent des vins non moins capiteux que les meilleurs crus de l’Espagne, tandis que ceux de Mouch et des alentours du lac Van, au sud de l’Anti-Caucase, peuvent se comparer aux vins de Bourgogne. En nombre d’endroits, le sol, cultivé par les méthodes les plus arriérées, donne deux belles moissons par an ; chênes, pins, érables, frênes, châtaigniers, térébinthes, sapins, toutes les essences de l’Europe centrale et méridionale revêtent les coteaux de forêts giboyeuses ; plusieurs de nos arbres fruitiers sont sans doute originaires de cette contrée[1], où le mûrier même brave les froidures extrêmes de l’hiver. Mais la richesse principale de la contrée, c’est le verdoyant pâtis, don tout gratuit de la nature : de nos jours, comme aux temps antérieurs à l’histoire, des millions de chèvres et de brebis trouvent leur nourriture sur ses pentes herbeuses. Les chevaux arabes et turkmènes, transportés à des époques inconnues dans certaines vallées alpestres, y ont produit des variétés nouvelles, dont celle de Kara-bagh ou « Jardin noir » est fort estimée dans les pays d’alentour : de tout temps cette région fut le paradis de nombreuses bandes de pasteurs et de chasseurs nomades, aux mœurs rudes et grossières, aguerris aux intempéries, jaloux de leur indépendance personnelle et peu soucieux des liens de solidarité, luxe inutile au milieu de leur vie

  1. A. de Candolle, Origines des plantes cultivées.