Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/273

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tinctes, mais non indépendantes, et qui se trouvent soudées pour ainsi dire au bassin du Tigre et de l’Euphrate, forme, on l’a vu plus haut, la partie centrale d’un monde intermédiaire à l’Inde et à la Grèce, monde dont nous connaissons déjà les limites orientales, entre le Soulaïman-dagh et le bas Indus, tandis que, vers le couchant, sa zone d’expansion atteint les rives de la Méditerranée et de la mer Égée. Cette situation des deux grands fleuves historiques de l’Asie antérieure au milieu même d’une région si vaste et si variée, suffirait à expliquer la naissance, dans ce glorieux berceau, d’une civilisation dont les destinées ne sauraient être aussi uniformes, aussi « rectilignes » que celles de sa rivale africaine des bords du Nil. En effet, sauf peut-être aux temps les plus reculés et les plus obscurs de ses premières origines, son histoire subit les influences multiples des pays voisins ; en même temps, à partir du xe siècle avant l’ère chrétienne, elle exerce les siennes sur le territoire immense qui s’étend de la mer Caspienne au littoral phénicien, et des monts de Salomon au royaume de Lydie, entraînant dans le même tourbillon les Touraniens et les Aryens de l’Iran, les Juifs de la Palestine et tous les Sémites du grand domaine syro-mésopotamien, avec les populations presque européennes de l’Arménie et de l’Asie Mineure. Nous pourrions faire remarquer ici que les destinées de la Mésopotamie sont toujours restées conformes au relief orographique de son terrain qui s’incline et s’ouvre vers l’occident, tandis que, du