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fruitiers de l’Europe méridionale et centrale : pêchers, abricotiers, grenadiers, figuiers, orangers, mûriers, amandiers, oliviers, cerisiers, poiriers, forment de véritables forêts ; la vigne court sur le sol. Les terres en friche se revêtent d’herbes et de fleurs en telle abondance, que les chiens de chasse qu’on y laisse courir reviennent tout panachés de pollen de couleurs différentes[1]. Les étés, très chauds, très secs et très longs, parviennent à peine à brûler cette végétation, et à mettre à nu la terre qui apparaît alors grisâtre, effritée, imprégnée de sel marin et comme rongée de lèpre[2]. Cette région, patrie de la plupart de ces animaux[3] qui sont devenus nos compagnons obligés, répond mieux que toute autre à l’idée d’un Paradis, d’un Eden verdoyant où l’homme, à l’état de nature, pourrait vivre dans l’oisiveté et la primitive ignorance. Aussi, et bien que très près du berceau d’une des plus anciennes et puissantes civilisations, les ruines y sont relativement peu nombreuses, toutes sur la rive droite du Tigre, et toutes, à l’unique exception de Nimroud ou Kalach, datant tout au plus de seize siècles avant l’ère chrétienne. Nemrod, « le grand chasseur devant l’Eternel », n’aurait pu mieux choisir le terrain de ses exploits, et la vie du chasseur n’a jamais été propice aux origines de l’histoire. Mais la Genèse nous dit expressément que le « com-

  1. Layard, Niniveh and its remains, t. I.
  2. Marius Fontane, les Asiatiques.
  3. Piètrement, les Chevaux dans les temps préhistoriques.