Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/291

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il serait difficile d’apprécier nettement l’influence que purent avoir les menaces perpétuelles, et parfois réalisées, de dévastation ou de conquête et quels changements furent amenés dans cette institution des rois-pontifes chaldéens qui furent, du temps de Hamourabi, si semblables aux pharaons de l’Égypte. Abstraction faite de passagères défaillances, les souverains de la basse Chaldée purent défendre contre les Élamites l’intégrité de leur empire, sans se départir de leur caractère originel d’astrologues couronnés et d’« approfondisseurs [des mystères] des Fleuves ». Puis, à mesure que remontait le long du Tigre, vers les monts du Kourdistan, la civilisation née dans le réseau confus des îles, des alluvions, des marécages assemblés en delta par l’union du Tigre et de l’Euphrate, des bandits plus nombreux et non moins aguerris que les Élamites, descendent par les âpres cluses du « Pays des Brèches » ou Teng sir. Nous ne saurons probablement jamais les luttes tragiques que les Saka-Nakou, excavateurs des canaux et constructeurs des observatoires sacrés de l’archaïque Chaldée, soutinrent incessamment, et durant de longs siècles, contre les chasseurs de lions et de taureaux sauvages, et contre les pâtres nomades de Mésopotamie ; mais, en définitive, la suprématie de l’ancienne Babylone, héritière légitime de tant de cités glorieuses de la plaine, survécut à bien des dangers, à bien des défaites partielles, jusqu’à cette invasion égyptienne qui, par contre-coup, l’entraîna