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L’INDUS ET LA GANGE

chants sacrés sous le nom de Dacyous, les « serfs », les « ennemis ».

Quoique l’apparition de l’Hindoustan dans l’histoire semble postérieure de plusieurs siècles à l’époque de l’Égyptien Ménés et des rois astrologues de la Chaldée, Th. Buckle ne se trompe pas de tout point quand il assigne aux traditions des Hindous une antiquité plus reculée qu’à celles des autres nations historiques ; cette assertion, il est vrai, ne doit pas être interprétée dans un sens purement chronologique ; elle signifie que, pour l’Égypte et la Chaldée, nous ne savons rien de l’état social d’avant la fondation des grandes despoties ; tandis que, pour l’Inde, les plus anciens hymnes du Rig-Veda nous esquissent le tableau de l’existence des prêtres et des agriculteurs du haut Pandjab avant la constitution des castes et la fondation des premiers empires. On connaît les traits principaux de cette peinture riante qui semble réaliser sous sa forme idyllique « l’état de nature » imaginé par les philosophes du xviiie siècle. « Le premier état social des Aryas, dit Marius Fontaine[1], apparaît tel qu’après lui nul rêve d’indépendance nationale n’ira au delà de ce qui fut en Sapta Sindhou. » Les envahisseurs aryens étaient moins avancés dans la civilisation que les Dacyous, ces ennemis qu’il leur fallait combattre et vaincre dans leur route vers la Djamna et le Gange, les « Dacyous opulents et fiers…, couverts d’or

  1. L’Inde védique.