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L’INDUS ET LA GANGE

mitif se retrouve encore dans le midi de l’Hindoustan. Point de trace, au foyer védique, de l’assujettissement de la femme, qu’on note presque partout à l’époque patriarcale. Le pitar, le « nourrisseur », le père de famille aryen, jouit, il est vrai, d’une certaine suprématie ; il est le gourou, ou maître spirituel, mais la situation subordonnée qui en résulte pour la femme n’est pas plus dégradante que celle que sanctionne le code français. Suivant la formule consacrée, la matrone romaine était Gaïa, partout où son mari était Gaïus ; chez les vaïcyas des premiers temps védiques, l’épouse du grihapati (maître de la maison) était grihapatni (maîtresse de la maison), et ne cessait jamais d’être sa compagne, même quand il apparaissait sous son caractère sacerdotal de deva, sacrificateur : si le père seul faisait les libations à Agni et à Soma, la matri « celle qui mesure », la mère prenait aussi sa part de la cérémonie en préparant les substances nécessaires. L’épouse védique est dam, dans le sens que nous-mêmes attribuons à ce mot : on n’en devient point l’époux par achat ou par violence ; on plaît aux dieux comme on plaît à sa bien-aimée, « en se rendant aimable[1] ». Des hymnes nombreux témoignent du prix que les Aryas attachaient à la beauté ; les délicatesses d’un amour, ni simplement platonique, ni grossièrement sensuel, ne leur étaient point inconnues[2].

  1. Rig-Veda.
  2. Marius Fontaine, ouv. cité.