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L’INDUS ET LA GANGE

maintenir dans leur lit la changeante et capricieuse Djamna avant sa jonction avec le Tchambal, et le Gange en amont de son confluent avec la Djamna.

L’histoire de ce vaste pays ne débute pour nous, à une époque indéterminée, qu’à la fondation de la grande despotie des Tritsou, dont le chef Sonidas est mentionné dans le Rig-Veda[1] comme l’adversaire des rois du Pandjab. Les Tritsou, à leur tour, furent éclipsés par les Bharata[2], descendus des hauts plateaux du Tchambal, qui établissent leur capitale à Ayodhia (Oud) sur la Tchogra, au centre même de la vallée du Gange.

L’étendue de l’Aryavarta oriental, la fertilité exubérante de son sol, son moindre morcellement en bassins isolés favorisaient la fondation d’un vaste empire, bien plus que ne le faisaient les conditions naturelles des cinq mésopotamies du Pandjab. Bientôt les rois des Bharata dépassèrent leurs rivaux au point de mépriser le titre honorifique de Samradj ; ils prirent celui de Savadamana ou de Tchatravartin, c’est-à-dire de « dominateurs de la Terre entière, de l’une à l’autre des mers[3] » (du golfe de Bengale au golfe d’Oman) ; et, dans la terminologie brahmanique, l’Inde entière est appelée Bharata-desa (le pays des Bharata).

  1. Cf. tout ce qui s’y rapporte à la lutte entre Visvamitra et Vacichta, le pourohita du roi des Tritsou.
  2. D’après le Ramayana, le fondateur de l’empire des Bharata fut un frère puîné de Rama-Tchandra, de la dynastie lunaire, neuvième incarnation de Vichnou.
  3. Chr. Lassen, Indische Allerthumskunde.