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L’INDUS ET LA GANGE

le menacent, au nord, des hauteurs qui dominent le Brahmapoutra, au sud, des collines qui séparent le delta du Gange et le bassin de la Mahanadi. Enfin, « le séjour des Marouts n’est-il pas à l’est de la Yamouna[1] » ? Ces Marouts, c’est-à-dire les vents qui, dans le Pandjab, trayent complaisamment les vaches célestes au-dessus des champs des Aryas, deviennent, dans les pays gangétiques, les terribles cyclones dont un seul a parfois coûté la vie à plus de cent mille hommes. Plus terribles encore ces famines qui emportent en quelques mois plusieurs millions d’Hindous. Dans nul pays plus que dans l’Aryavarta gangétique, l’homme n’a dû se sentir le prisonnier éternel de la nature, maîtresse puissante et généreuse qui, à certains moments, prodigue à ses serviteurs les trésors les plus convoités, mais aussi dont les colères sont puissantes, effroyables. Aucun autre milieu ne fait mieux comprendre que vie et mort, bien et mal sont deux fleurs sur la même tige. Délivrez la vallée du Gange de ses cyclones destructeurs, son climat deviendra partout celui des teraï malfaisants ; le tigre « mangeur d’hommes » protège les récoltes contre les myriades de rongeurs qui extermineraient par la famine la foule pâle des indigènes. Au sein de cette indomptable nature, les paisibles herbivores, les insectes, la jongle et les folles herbes sont les fléaux les plus redoutables.

  1. Texte védique.