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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

dentaux), mélange de tribus tibétaines et mongoles ; elle dut donc imposer à ses fils la stricte obéissance du li dans tout ce qu’il a de plus élevé, aussi bien que dans toutes les futilités de la vie quotidienne. De peur que ses enfants, héritiers de tant de générations, ne perdent point, par l’effet de l’atavisme, des qualités et des habitudes si péniblement acquises, elle place entre leurs mains, au nombre des plus importants de leurs livres classiques, les bréviaires ou manuels du li.

Plus grave est la seconde accusation, celle de l’immutabilité de la Chine, accusation d’autant plus singulière que la littérature confucienne nous montre ce pays précisément sur le seuil d’une des transformations les plus capitales qui se soient produites dans l’histoire d’un peuple. Ici, quelques explications sont nécessaires : on chercherait en vain, dans la biographie de Confucius, telle que l’a donnée Szema-tiañ, le secret de la popularité sans égale du grand Sage chez tous les peuples englobés de gré ou de force dans la civilisation chinoise, et le lecteur serait désappointé qui croirait trouver la clef de l’énigme dans les œuvres mêmes attribuées au Maître, simples recueils comme le classique des Poésies, ou compilations sans idées générales. Aucun de ces écrits, souvent incohérents, toujours secs et dépourvus de forme, n’est marqué au coin d’un génie supérieur. Comparé aux grands prophètes, aux réformateurs des autres nations, Confucius, tel qu’on se le représente d’après les Dialo-