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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

façons les plus communes de désigner le souverain est Tsieñ-tse, Fils du Ciel, et les décrets impériaux sont appelés cheng siuñ, instructions sacrées.

En regard de ces vestiges caractéristiques du passé, nous n’avons, pour découvrir le secret du succès incomparable des Confuciens, qu’à citer un paragraphe emprunté, non à Confucius, mais à son plus illustre adepte, Mencius, dont le Maître lui-même n’a jamais égalé la vigueur, la concision dans l’expression des idées et des principes de l’école. Mencius dit : « Le peuple est ce qu’il y a de plus précieux ; puis viennent les génies de la Terre, et, en dernier lieu, le prince. » Ce simple renversement de l’axiome fondamental des despoties primitives, ce peuple qui n’est plus subordonné au prince, marque, dans l’histoire de l’humanité, une phase à laquelle n’arrivèrent jamais les autres grandes monarchies fluviales. Pour équilibrer le despotisme des princes et des prêtres, l’Inde même n’avait su trouver rien de mieux que le despotisme des castes. Ainsi l’histoire ancienne de la Chine, celle qui devrait seule nous occuper dans ces études, finit au point où commence l’histoire écrite, histoire, nous l’avons vu, exclusivement confucienne.

L’esprit de révolte, facteur essentiel du progrès, n’a fait défaut à aucun pays : nous l’avons rencontré sur le Nil aussi bien qu’en Mésopotamie : après de longs siècles d’oppression, il ne pouvait manquer d’apparaître aussi en Chine ; nous en trouvons de nombreuses traces dans les ouvrages de Confucius