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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

lacis de coulées, de mares et de marigots, un bras principal se forme qui, au hasard de causes multiples, oscille, tantôt vers la mer Jaune, tantôt vers le golfe de Pé-tchili. Il y a une quarantaine d’années, ce bras se dirigeait vers le sud, emportant à la mer les eaux du Hoang-ho ; mais un cataclysme, qui coûta les biens et la vie à des millions d’hommes, l’a rejeté dans le nord, justifiant encore une fois le surnom de « Fléau des Fils de Han » que le Hoang-ho porte dans le langage fleuri du Céleste Empire. Cette nouvelle orientation lui a fait emprunter le lit du Ta-Tsing, « fleuve des grands Tsing » de la dynastie mandchoue, sous laquelle une catastrophe analogue lui assigna la coulière suivie maintenant par le fleuve Jaune ; elle semble coïncider avec le parcours du Hoang-ho au début de l’histoire de la Chine ; le lit abandonné en 1853 marque l’extrême limite de ses aberrations vers le midi. Les archéologues chinois ont dressé de nombreuses cartes de ces déviations du fleuve en aval de Kaifoung-fou et plusieurs de ces cartes ont été reproduites dans le Mémoire sur la Chine d’Escayrac de Lauture. L’Anglais Elias Ney avait cru compléter par ses recherches personnelles la série de ces études que les épouvantables bouleversements causés par les crues de 1887 forceront à reprendre : le récent désastre compte aussi ses victimes par centaine de milliers, peut-être par millions.

La zone alluviale que détrempent les eaux du Hoang-ho et de ses affluents confine par le sud à