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Les premiers organismes polycellulaires ou collectifs présentent des sociétés où tous les individus sont exactement semblables les uns aux autres ; nulle division du travail, nulle différenciation entre les éléments dont elles se composent : les cellules forment un tout, en tant qu’elles communiquent par leurs cavités ou sont soudées une à une par une membrane, un lien mécanique quelconque ; si un accident vient à détruire ce lien, chaque partie reprend son existence à part ; la communauté est dissoute sans qu’il en résulte un dommage appréciable pour les individus.

Par l’effet de la coopération ou de la cohabitation forcée, une division ou plutôt une spécialisation de travail, rudimentaire d’abord, ne tarde pas à s’accentuer entre les parties. Pour n’en citer qu’un exemple grossièrement schématique, les cellules périphériques, celles qui sont en contact avec le liquide nourricier constituant le milieu ambiant, se contenteront d’absorber cette nourriture, laissant le soin de la digérer aux cellules centrales, empêchées, par le lieu qu’elles occupent, de faire le travail d’absorption.

Baër constata le premier que, à partir de ce point, une différenciation de plus en plus complète, une division du travail de plus en plus spécialisée et intime, correspond à chaque nouveau progrès réalisé dans l’organisation végétale ou animale. Il serait pourtant inexact de dire que, dans la série biologique, le progrès réside dans cette différenciation