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morphologiques plus complexes que la personne humaine. Ici, le critérium infaillible de Baër, la différenciation tant prônée, interrompt brusquement ses indications précises, de même qu’au-delà de son point d’ébullition le mercure du thermomètre, sans que cette interruption nous autorise à supposer un hiatus réel dans l’évolution même.

On a beau insister sur les différences morphologiques du mâle et de la femelle chez les animaux supérieurs[1], les plus accusés de ces caractères sexuels sont peu de chose en comparaison des écarts qui se manifestent entre les divers tissus et organes de notre corps. Jamais non plus les membres constituant un dème ne perdent leur indépendance au point de ne plus pouvoir exister physiologiquement l’un sans l’autre ; Herbert Spencer, du reste, l’a fort bien démontré[2]. Si, par rapport aux phénomènes

  1. Pas un sociologiste de l’école soi-disant évolutionniste n’a manqué de se prévaloir, entre les prétentions des femmes à l’égalité avec les hommes, de ces différences naturelles existant entre les sexes et, nous dit-on, d’autant plus accusées que les races sont plus parfaites. Le fait n’est exact cependant que si l’un compare les Européens à certaines races de l’Asie sud-orientale et à quelques peuplades mélanésiennes. En Afrique, au contraire, les différences secondaires entre les sexes, ampleur du bassin, développement des parties charnues et graisseuses, richesse du buste, cambrure des reins, etc., sont plus accusées que chez les blancs. On sait que les dames européennes ont dû recourir à la tournure artificielle pour se donner cet aspect de stéatopygie que les femmes bushmen ont naturellement. En général, la différence de taille entre les deux sexes semble s’atténuer considérablement avec la civilisation.
  2. Principes de Sociologie, t. II. Ce qui n’empêche pas l’illustre évolutionniste d’accepter la différenciation comme un