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groupes conjugaux, polygames, polyandres ou monogames), par l’attrait sexuel, qui est une impulsion voulue par les êtres qui contractent l’union ; ce lien, à son début même, n’est déjà ni mécanique, ni exclusivement physiologique, mais psychologique à un certain degré[1]. À mesure que le dème se perfectionne sans sortir encore du domaine de la biologie animale, la prédominance de cet élément psychologique l’accentue toujours davantage, le penchant sexuel cédant de plus en plus sa place à l’affection mutuelle, aux soins prodigués en commun à la progéniture, à la solidarité de plus en plus consciente des penchants et des intérêts, etc.

Le perfectionnement ou le progrès du lien social, débutant dans la série sociologique par la coercition pure et simple, s’achemine donc vers le caractère de plus en plus psychologique et libre des unions contractées. Dans cette marche ascendante, la différenciation ne caractérise que l’étape intermédiaire : au degré inférieur, elle ne parait pas encore ; au degré supérieur, elle a perdu pour nous tout intérêt ; comme la masse dans la série organique, elle n’est plus en rapport permanent et stable avec le progrès. Et, puisque, de nos jours, le langage téléologique ou anthropomorphique n’est un piège pour personne, qu’il ne soit permis d’exprimer ma pensée plus nettement en ces termes : La nature, ayant besoin

  1. Le caractère psychologique des unions sexuelles chez certains animaux a été très bien mis en évidence par M. A. Espinas, dans un remarquable travail sur les Sociétés animales.