Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cependant que la destinée du colon fût plus douce, puisque la loi menaçait de servage domestique le servus terræ qui déserterait sa terre. Mais ces différences s’atténuèrent de plus en plus à mesure que les césars païens, s’inspirant de l’aphorisme de Tibère : « Un bon pasteur tond les brebis sans les écorcher », restreignirent le pouvoir discrétionnaire du maître sur les esclaves domestiques. La loi Petronia, du reste, lui interdisait déjà de les livrer ou de les vendre pour le cirque, sauf en cas d’infractions dont la peine devait être confirmée par l’autorité publique. Claude octroie la liberté à tout esclave que le maître abandonne pour cause d’infirmité grave ; un maître ayant tué son esclave était puni comme un meurtrier ordinaire. Sous les Antonins, les esclaves reçurent le droit de plainte pour sévices, nourriture insuffisante, attentats à la pudeur. Hadrien appliqua la loi sur les sicaires aux maîtres qui mutilaient leurs esclaves.

En dépit de l’évidence des faits, on répète encore que le christianisme a adouci le sort des esclaves en les transformant en serfs de la glèbe. Si j’affirmais ici le contraire, on m’accuserait peut-être de paradoxe ou même de calomnie ; je me contente donc de renvoyer le lecteur à l’ouvrage déjà cité de M. Duruy : à partir de la victoire du christianisme, il verra cesser brusquement les bonnes dispositions de la législation romaine à l’égard des esclaves ruraux ou domestiques. La loi Junia Narbonia de Justinien crée à leur émancipation des obstacles insurmon-