Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/78

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diction, horca, picota, cuchillo, carceles, cepo, azote y las demas insignias de juridicion)… Signé : Philippe IV (Yo et rey). Aranjuez, 25 avril. » Ainsi, cent trente ans à peine avant 1789, le droit de vie et de mort sur les serfs, sans compter les carceles, cepo y azote, procédait encore du seul fait de la possession féodale du sol, et, cependant, plus de seize siècles s’étaient écoulés depuis que, dans la Rome païenne, le maître d’esclaves avait perdu le pouvoir suprême de coercition et de juridiction sur leurs personnes.

Ces droits absolus du seigneur féodal se trouvèrent, il est vrai, diminués en mainte occasion par les jacqueries, et, en France surtout, par le pouvoir royal, corrélatif de la féodalité, comme les tyrannies et le césarisme classiques l’avaient été naguère de l’oligarchie républicaine. Mais, en résumé, la féodalité avec le servage ne représente que la contrepartie rurale et agraire des oligarchies de Carthage, d’Athènes ou de Rome, basées sur l’esclavage et limitées aux seuls citoyens de la capitale. Sous la domination romaine, à mesure que la province joue un rôle de plus en plus prépondérant par rapport à la métropole, l’empire, peu à peu, se transforme en société féodale. Or, le féodalisme, basé sur la subordination politique du dépossédé au propriétaire du sol, ne pouvait inaugurer une période nouvelle de l’histoire ; il représente simplement un autre côté de cette même différenciation sociale qui, avec la seconde division de l’histoire, débuta par l’oligarchie des républiques phéniciennes : pas une