Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

récemment se sont jointes Londres, Berlin, les grandes villes de la Suède et de la Russie[1]. Mais le savant auteur exagère l’importance de cet intéressant phénomène quand il veut lui reconnaître le caractère d’une grande loi statique de la civilisation universelle : au lieu de progresser peu à peu vers la région boréale, les deux grandes civilisations de l’extrême Orient, la chinoise et l’hindoue, ont suivi une marche diamétralement opposée, allant des bords du fleuve Jaune vers la rivière de Canton et le Tonkin ; du Pandjah vers Ceylan et les îles équatoriales de l’Inde néerlandaise.

Sans jouer le rôle dominant que lui attribue le jeune écrivain, l’influence des latitudes est cependant bien marquée dans l’histoire. Il suffira, pour s’en convaincre, de jeter les yeux sur une carte des isothermes moyens annuels. On y voit que les agglomérations urbaines les plus importantes du monde entier se trouvent surtout groupées entre les limites extrêmes de 16° centigrades (Saint-Louis, Lisbonne, Gènes, Rome, Constantinople, Changhaï, Ohosaka, Kioto, Tokio) et de 4° (Québec, Christiania, Stockholm, Saint-Pétersbourg, Moscou). L’isotherme 10° indique assez exactement l’axe central de cette zone ; or, c’est précisément sur cette ligne médiane que viennent s’échelonner les capitales les plus riches et les plus populeuses : Chicago, New-York, Phila-

  1. On peut s’ajouter qu’aux États-Unis, la courbe de la civilisation s’infléchit vers les tropiques avec celles des isothermes.