Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/94

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sent le plus intimement mélangés et se pénétrant mutuellement. Si, dans sa partie moyenne, la chaîne pyrénéenne sert de limite bien tranchée entre les nationalités languedocienne et aragonaise, elle n’a point empêché, à l’est, les Catalans de s’étendre sans interruption de Narbonne à Alicante, pas plus que, dans l’ouest, elle n’a interdit aux Vascons, Auskes ou Euskara d’occuper l’espace compris entre la Garonne et la haute vallée de l’Èbre. L’ethnologie si compliquée du Caucase et de l’Himalaya semblerait démontrer que les massifs montagneux les plus élevés et, en apparence, les moins abordables, peuvent être comme des champs clos où s’opère, entre les éléments les plus variés, un rapprochement, ou, pour le moins, une juxtaposition. Celle-ci conduira tôt ou tard à un accord des mœurs ou des intérêts se traduisant par la création d’alliances temporaires — telle la ligue des montagnards caucasiens de races variées contre l’invasion des Russes — ou de fédérations permanentes — telle l’Union helvétique — en dépit des diversités d’origines, d’idiomes, de croyances religieuses.

III. Influences végétales, animales et anthropologiques. La faune et la flore d’un pays ont aussi une action, décisive parfois, sur les destinées sociales et historiques de ses habitants. Les régions où abondent les forêts peuplées d’animaux, la Sibérie et la Mantchourie, par exemple, constituent le milieu par excellence de cette vie de chasseur, moins exclusive qu’on ne le croirait de toute civilisation ou de toute