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BARBE-BLEUE.

est là… c’est dans cette cabane qu’elle respire… Fleurette !… chère Fleurette !… avertissons-la de ma présence par quelques modulations. (Il s’approche de la porte de Fleurette et se prépare à jouer d’une flûte qu’il tenait à la main en entrant, — pose à la Watteau. — Il prélude : sa petite flûte rend le son d’un trombone ; il s’arrête stupéfait, puis il en prend son parti :) Elle ne m’en entendra que mieux…

(Et il continue… Entre Fleurette attirée par la mélodie ; poses gracieuses, sorte de pas de deux, — le berger s’éloignant, la bergère le poursuivant gentiment : — puis le berger s’arrête, la bergère le rejoint, et tous deux s’avancent sur le devant de la scène.)

DUO.
ENSEMBLE.
Or, depuis la rose nouvelle,
C’est comme ça tous les matins :
{ Avec ma flûte je l’appelle,
Avec cette flûte il m’appelle,
Et nous errons dans ces jardins.
FLEURETTE.
Tous les deux,
Amoureux,
Nous tenant un doux langage,
Nous allons,
Nous venons,
Nous parcourons ce bocage.
« En avril,
Me dit-il,
Tout aime dans la nature !
Le printemps
Donne aux champs
Leur verdoyante parure :
Aimons-nous !
C’est si doux !
Aimons-nous bien, je t’en prie !
Ici-bas,
Il n’est pas
D’autre bonheur dans la vie ! »
Un bosquet
Trop discret
L’enhardit ;
Il saisit