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BARBE-BLEUE.

POPOLANI.

C’est une idée…

LE COMTE.

Excellente !… car elle répond à tout. S’il n’y a pas de rosière, on en trouve une tout de même… s’il y en a plusieurs, on en choisit une sans faire de jalouses.

POPOLANI.

C’est vrai… j’appliquerai votre idée.

LE COMTE.

Tu feras bien… Parlons d’autre chose.

Il passe à droite.

POPOLANI.

De quoi parlerons-nous ?

LE COMTE.

Parlons de ce que je viens faire ici, moi ; j’y viens chercher me jeune princesse.

POPOLANI.

Quelle princesse ?…

LE COMTE.

La fille du roi, mon maître.

POPOLANI.

Je ne comprends pas.

LE COMTE.

Tu vas comprendre… Il y a dix-huit ans, le roi eut une fille… Trois ans après, il eut un fils. À peine eut-il eu ce fils que l’idée de laisser la couronne à une femme lui devint insupportable. « Je veux que mon fils règne, disait-il, et non ma fille. » Je lui proposai d’établir ici la loi salique. « Non, me dit-il, ne touchons pas aux coutumes de nos pères… mieux vaut nous débarrasser de ma fille. » Ce qui fut dit fut fait. On