Page:Meister - Betzi.djvu/217

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desirs, au gré de ma raison ; et ce lien si doux tient tout le pouvoir avec lequel il me captive, des fleurs nouvelles dont il se compose chaque soir ou chaque matin. J’aime comme la nature l’a voulu. L’empire des préjugés, les vains caprices de l’opinion n’ajoutent rien à mon bonheur, et l’altèrent moins encore ; je jouis, mais avec cet heureux abandon que ne donne pas toujours la plus haute philosophie, sans rien prétendre, sans rien pressentir, sans rien regretter. J’aime comme aimeraient les sauvages si, sans cesser de suivre les mouvemens de leur instinct naturel, ils avaient pu comme moi développer les facultés de leur esprit et de leur imagination, perfectionner leurs sens, former leur goût, le rendre susceptible de toutes les nuances de volupté qui me touchent et me ravissent. Je vis