Page:Meister - Betzi.djvu/310

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donner tous les jours à leurs talens, à leur vertu un nouveau degré de chaleur et d’activité. J’étais loin d’exiger rien d’eux qui pût leur nuire, ni dans l’opinion des hommes, ni bien moins encore au jugement de leur propre conscience ; leur rivalité généreuse augmentait, pour ainsi dire, tout à-la-fois et le prix de mon indépendance et le charme de mon dévouement ; c’est parce que j’étais en quelque sorte plus à moi, que je me donnais plus librement ; qu’à leurs yeux du moins, en me donnant sans cesse avec le même amour, je paraissais toujours me donner pour la première fois : sans que mon cœur y perdît rien, en ménageant avec moins d’art que de délicatesse et de sensibilité les hommages et les sacrifices que leur passion se plaisait à me prodiguer, j’en jouissais, et je savais les